mardi 21 septembre 2010

Technologies et infidélité

Voici un article paru dans le journal La Presse auquel j'ai participé.
Les infidèles du courriel
Marie-Eve Morasse, Technaute.ca20 septembre 2010 14 h 36

Les gens infidèles font souvent des pieds et des mains pour cacher leur relation secrète. Les appels doivent se faire en catimini, les rencontres loin de tout regard. Avec Facebook, les textos et les courriels, certains plaident toutefois qu'il est plus tentant que jamais de tromper l'être avec qui on partage sa vie. La multiplication des moyens de communication encourage-t-elle l'infidélité?
Si elle était née à une époque où le courriel n'existait pas, Catherine* est persuadée que son infidélité ne serait jamais allée aussi loin. Le baiser échangé avec un collègue à la fin d'une soirée bien arrosée en serait resté là et les vacances d'été se seraient chargées de lui faire oublier cette histoire.

Mais l'ordinateur était à portée de la main. Un simple courriel envoyé pour «clore l'histoire» avec son collègue s'est transformé en une correspondance assidue, puis en rencontres.
«Le courriel m'a aidé à alimenter la relation, dit la jeune femme, en couple depuis 10 ans. Je n'aurais pas utilisé le téléphone, car il était trop risqué de tomber sur sa conjointe. Des vraies lettres? Trop dangereux et avant d'aller la poster, on a le temps de réfléchir. Le courriel, c'est quasi immédiat et moins engageant.»
La sexologue Marie-Hélène Baillargeon reconnaît que les nouvelles technologies peuvent encourager «le maintien du secret» en cas d'infidélité.

«Les messages texte sont très rapides et confidentiels, si on tient pour acquis que notre téléphone est privé. Ça peut être un élément facilitateur.»

Une facilité confirmée par Isabelle*, 28 ans, qui a entretenu pendant quelques mois une relation extraconjugale. Les rendez-vous avec son amant se fixaient par messages texte, les conversations avaient lieu sur Facebook.

«Quand on écrit ou qu'on envoie des messages texte, on a moins d'inhibitions, on se laisse aller. De plus, le fait d'être les seuls à pouvoir lire ces messages rend le tout encore plus excitant. Je ne crois pas que la technologie encourage l'adultère, mais elle le rend plus accessible.»
Un point de vue partagé par Marie-Hélène Baillargeon, qui estime qu'il faut davantage qu'un accès aux technologies pour en arriver à tromper quelqu'un.

«Il ne faut pas se leurrer, ça prend plus que d'avoir un cellulaire pour être infidèle! Sinon, tous ceux qui en ont un le seraient, dit-elle en riant. Il faut qu'à la base, il y ait des problèmes dans le couple.»

La technologie, arme à deux tranchants

Les infidélités d'Isabelle allaient bon train jusqu'à ce que son conjoint ait des soupçons. Pour écrire à son amant, l'éducatrice spécialisée avait pris soin de créer une adresse courriel différente de celle qu'elle utilisait habituellement. Mais elle a appris à ses dépens que son compte Facebook n'était pas aussi privé qu'elle l'aurait espéré.

«Je ne connaissais pas assez Facebook et je n'ai pas été prudente. Mon copain a découvert une conversation instantanée que j'avais eue avec mon amant.» Placée devant les faits, Isabelle n'a eu d'autre choix que de mettre fin à sa relation extraconjugale.

Des amoureux esseulés qui se présentent avec des preuves, le détective privé Michel Corneau en voit souvent. La loi lui interdit de fouiller dans les courriels et d'enregistrer des conversations téléphoniques, mais il n'a pas à le faire.

«Je n'ai pas besoin de dire aux gens d'aller fouiller dans les courriels de leur conjoint, ils savent quoi faire! Lorsqu'ils ont des doutes, les gens vérifient les téléphones cellulaires et l'historique de navigation pour voir s'ils sont trompés», dit-il.

Mais la technologie n'a pas que des mauvais côtés, rappelle Marie-Hélène Baillargeon. «Si elle est utilisée à bon escient, la technologie peut rapprocher les couples. Un petit courriel envoyé dans une journée, ça peut être agréable.»

La techno au service de la surveillance

Ceux qui cherchent à prouver l'infidélité de leur conjoint ont plusieurs outils à leur disposition pour faire de la surveillance. «Je veux juste vous dire que 007 Spy est incroyable, lit-on dans un témoignage publié sur le site de la société du même nom. Avec le logiciel, j'ai surpris ma femme... je ne suis pas heureux, mais pensez au temps que cette histoire aurait pu durer.»
007 Spy est l'un des nombreux logiciels enregistreurs de frappe qui se trouvent sur le marché. Ceux-ci permettent d'enregistrer tout ce qui est fait sur un ordinateur, puis d'envoyer les résultats à la personne qui l'installe, le tout à l'insu des utilisateurs de l'ordinateur. Les fabricants qui les vendent ont rapidement compris qu'il y a beaucoup d'argent à faire avec ceux qui se sentent trompés.

Mais fouiller dans les courriels de son compagnon a quelque chose d'un peu dérangeant, dit la sexologue clinicienne Marie-Hélène Baillargeon. «On peut se poser la question: où est la confiance dans cette relation-là?» conclut-elle.

* Les personnes qui ont témoigné dans le cadre de cet article ont demandé à ce que leur nom soit changé.

jeudi 16 septembre 2010

L’ABC de la consultation en sexologie

Plusieurs personnes se questionnent quant au déroulement des consultations dans le domaine de la sexologie. Voici donc quelques points clés destinés à éclairer les intéressés.

Choix du sexologue
Avant même de débuter les rencontres, il est important de vous assurer de consulter une personne qualifiée. Ainsi, vérifiez si le sexologue détient les diplômes appropriés à l’exercice de sa profession. Tout sexologue clinicien devrait détenir une maîtrise en sexologie clinique (orientation counseling) et il est pertinent que ce dernier soit membre en règle de l’Association des sexologues du Québec. Aussi, puisque votre démarche vous amènera à vous dévoiler, il est impératif que vous vous sentiez en confiance avec lui dès les premiers instants. Entre autres, un premier contact téléphonique peut vous offrir de bons indices. N’hésitez pas à communiquer avec plusieurs thérapeutes afin de préciser votre choix.

Les rencontres
Lors des premières rencontres, le sexologue clinicien procède habituellement à l'évaluation de la difficulté présentée. Bien que le motif de consultation ait normalement été évoqué lors de l’appel préalable à la prise de rendez-vous, cette évaluation permet au sexologue de s’assurer qu’il est la bonne personne pour vous venir en aide. En cas de nécessité, il vous référera à un professionnel dont le champ de compétence se rapproche le plus de votre besoin. À titre d’exemple, il pourrait vous suggérer de voir un médecin s’il s’avérait que certaines composantes d’ordre physique puissent être en cause.
Enfin, la phase d'évaluation sert d'abord et avant tout à donner une vue d'ensemble de votre problématique au sexologue. Elle vous permet d’ailleurs également de vérifier votre niveau de confort avec le thérapeute. Finalement, il est à savoir que les rencontres durent généralement cinquante minutes. Le tarif peut être variable d’un sexologue à l’autre considérant certains facteurs tels qu’une spécialisation ou encore l’expérience professionnelle.

Le partenariat
Une démarche en sexologie ne relève pas de la magie. Une fois l'évaluation complétée, vous et votre sexologue travaillerez de concert dans l'optique de comprendre la nature du problème présenté. Cette compréhension vous permettra de trouver des solutions afin d'atteindre un mieux-être sexuel et/ou relationnel. Cela peut prendre de quelques semaines à quelques mois de consultation.

Règles de conduite
Bien entendu, les sexologues cliniciens se soumettent à un code de déontologie. Vous avez droit à la confidentialité en ce qui concerne votre démarche. À travers les rencontres, il ne devrait pas y avoir d’examen physique. Enfin, le sexologue tient un dossier à votre nom. Il le conservera au moins cinq ans après la fin de votre suivi avant de le détruire de façon appropriée.